dimanche 6 avril 2014

BENARES : Ramnagar, centre de détention pour garçons


L'entrée du centre de détention pour garçons de Ramanagar à Bénarès


"Le centre des garçons de Ramnagar est un internat gouvernemental où logent 50 garçons âgés de 6 à 18 ans.

Ces enfants ont été trouvés dans les rues, abandonnés par leurs parents ou ont quitté eux-mêmes une famille mal traitante. Le plus souvent, les enfants ne se souviennent de rien quant à leur famille ou leur région d’origine.
Il incombe à l’Etat indien de s’occuper d’eux. Malheureusement, le manque de moyens, de motivation et la corruption font que la situation est dramatique pour ces garçons. Ils n’ont commis aucun délit majeur mais sont quand même récupérés par la police et doivent rester enfermés dans le Centre jusqu’à leurs dix-huit ans ou jusqu’à ce qu’on puisse localiser leurs parents, ou trouver une personne qui assumerait leur responsabilité légale. Cela ne se produisant pratiquement pas, les garçons restent dans ces murs clos, isolés de la société, jusqu’au jour de leurs dix-huit ans. A cette date, ils sont mis à la porte sans préparation ni moyens de gagner leur vie, totalement désocialisés.
En 2008, des membres de l’association « Jimy Library » ont « visité » ce centre de détention. Ils ont constaté les conditions inhumaines dans lesquelles vivaient ces enfants, et réalisé la nécessité impérative de leur venir en aide. Livrés à eux-mêmes ou à la violence des gardiens, ils vivaient dans un état d’hygiène et de détresse mentale et psychique alarmants. Les décès étaient fréquents. L’ONG indienne « D-Foundation » employait une psychologue. Les adhérents de « Jimy Library » ont décidé de se mobiliser et font depuis, preuve de générosité pour ces enfants."


Ca c'était en 2008
Depuis la vie des garçons a changé grâce à Jimy Library.

D'abord, avec l'aide d'une ONG indienne influente (D Foundation), il a fallu se débarasser du personnel malveillant. En Inde, les postes de fonctionnaires locaux sont souvent "achetés" par les familles. Le titulaire l'est donc à vie, et impossible de le virer même s'il est violent ou abuse des enfants. La seule solution est de le "muter". Il a donc fallu du tact, de la fermeté, et de la patience pour obtenir que le personnel du centre soit débarrassé des gardiens "à problème".

Ensuite il a fallu soigner les garçons, et améliorer leur alimentation et l'eau qu'ils boivent.

Il a fallu en finir avec l'insalubrité des locaux. Beaucoup de travaux ont été réalisés : salles de bains, peintures refaites, aménagement d'une vraie cantine qui protège du froid et de la chaleur, réalisation d'une cuisine où l'on peut réellement cuisiner, création d'ouvertures dans le bâtiment pour laisser entrer la lumière et en même temps aérer l'ensemble.

Il a fallu s'occuper de leur avenir. Des enseignants envoyés par le gouvernement, mais surtout une équipe d'éducateurs pour éduquer ces enfants, leur apprendre les bases d'un métier pour préparer leur sortie du centre, les soutenir psychologiquement et les préparer à retourner dans le monde ...

Enfin, l'association s'est occupée d'améliorer leur vie quotidienne : jeux, ordinateurs, vêtements chauds, fêtes d'anniversaire, balançoires, batterie pour palier les coupures (fréquentes) d'électricité ....

Et puis, les enfants ont pu commencer à sortir. D'abord à sortir du bâtiment et à profiter du "parc" ....
Puis à sortir du centre ... d'abord 2 par 2 avec l'éducateur pour faire des courses, puis par petites équipes pour s'occuper d'un jardin, puis maintenant, tous ensemble pour aller en ville ou faire des visites ...

Il faut garder à l'esprit qu'il s'agit d'un centre fermé de détention du gouvernement indien. 
Que ce dernier tolère et accepte que 2 ONG (une indienne et une française) interviennent dans le centre. 
Le gouvernement indien laisse une marge de liberté d'intervention, mais garde toujours la maîtrise finale ...
Il a fallu beaucoup de générosité, de détermination, mais aussi d'humilité, de tact et de diplomatie, de la part de Sylvia et Jean Yves, ainsi que des dirigeants de D Foundation, pour que la vie de ces enfants ait pu s'améliorer de la sorte ... il a fallu aussi que quelques fonctionnaires indiens croient au projet et arrivent à passer par dessus l'inertie de leurs collègues ...

Les lecteurs fidèles des aventures de Rahul et Jerry se souviendront qu'il y a toujours un Mr Kumar qui rôde dans les couloirs des administrations indiennes, et que les retournements de situation peuvent être brutaux ... 

Aujourd'hui la vie des garçons de Ramnagar s'est grandement améliorée, et un avenir s'ouvre à nouveau pour eux ...

Rahul et Jerry ont suivi depuis Pondichery la vie des garçons et l'avancement des travaux, du projet ...
ils les ont soutenu à leur manière, et ont été régulièrement informés des progrès par leurs amis Sylvia et Jean-Yves qui sont les responsables de Jimy Library.

Aujourd'hui, très émus, ils se rendent avec Sylvia pour la première fois au centre de Ramnagar, pour faire connaissance avec les garçons ...

En apprentis humanitaires, R et J se proposent d'apporter des stylos et des cahiers ...

"Vous savez ils en ont, ils n'en manquent pas " a répondu Sylvia
"Si vous voulez vraiment leur faire plaisir, leur apporter quelque chose qu'ils n'ont jamais ... Amenez leur des bonbons ..."

Et voici R et J transformés en tontons gâteau gâteux gâtés

Des bonbons, des chocolats, ... et des sucettes (genre chupa chups)

En route pour Ramnagar ...





Le village de Ramnagar se trouve sur la rive opposée du Gange, presque en face d'Assi Ghât.
Il faut traverser le fleuve, ce qui, à Bénarès, n'est pas une mince affaire.




Pour aller directement à Ramnagar (sans prendre un des deux ponts autoroutiers loin du centre) il y a un pont, encore en construction. Construction qui n'en finit pas (depuis 10 ans), donc en fait c'est un pont flottant temporaire qui fait office de pont, sous les piles inachevées du futur pont.

Il s'agit en fait de gros flotteurs portant des plaques de métal plus ou moins assemblées entre elles.


Depuis le temps, le pont temporaire a fait ses preuves.


Le flot de vélos, autorickshaw, piétons est incessant dans les deux sens.
Le claquement des plaques de métal est assourdissant.
R et J sont secoués dans tous les sens dans cet autorickshaw collectif où Sylvia est installée à l'arrière avec deux dames et enfants, et Rahul et Jerry installés de part et d'autre du chauffeur assis chacun sur une demie-fesse.
Jusqu'à quand les indiens supporteront-ils ça ? ...
On entend à peine l'auto-radio du rickshaw (qui pourtant sature complètement dans les aigus et fait vibrer toute la tôle dans les basses) ...


A l'arrivée de Rahul et Jerry, les garçons sont occupés pour une moitié à dessiner assis en cercle, disposant chacun d'une petite table basse, de papier et de crayons. Et pour l'autre moitié, installés devant les écrans d'ordinateur à découvrir l'univers informatique par le biais de jeux. 
Ils sont calmes et assidus, heureux d'avoir de la visite, et, malgré la barrière de la langue, ils essayent de faire partager leurs activités. 

Ils montrent leurs dessins en cours, mais aussi ceux affichés sur les murs de la salle de classe.

Dans la salle "informatique", après avoir fait comprendre à R et J qu'il est obligatoire de s'asseoir devant l'écran, en quelques clics ils ouvrent des dossiers photo, faisant pour chaque cliché des commentaires pour faire partager la joie et les émotions de ces moments de leur vie dans le centre (anniversaires, visites, et autres cérémonies et puja). 
En fait, ils partagent un peu de leur histoire de famille recréée dans le centre.

Enfin, c'est le moment de donner les friandises. C'est Kailash, l'éducateur, qui est chargé de la distribution. Leurs yeux déjà joyeux s'éclairent d'un nouvel éclat. Les bonbons sont rares au centre, et très appréciés. Les sucettes, intrigantes, restent un moment en suspens. Puis un garçon plus grand, plus informé, montre aux autres comment ôter le papier coloré pour découvrir la sucrerie. Une sorte d'apprentissage étonnant, aussitôt récompensé.

Puis l'après midi avançant, visite de la nouvelle cantine et de la cuisine. Tous les garçons sortent jouer sur la toute nouvelle pelouse, dotée de portiques, de balançoires et de jeux multicolores. Tout cela dans une joie et une bonne entente, sans cris, sans disputes entre eux. 
Une vraie fratrie partageant dans la paix un destin pas forcément idéal, mais qui prend, grâce à Jimy Library, un tournant beaucoup plus positif, et qui s'ouvre vers un avenir de possibles.

Grâce à l'action de Jimy Library et de D Foundation,  le centre fermé de Ramnagar est passé de l'état de prison glauque à celui d'internat.



Les balançoires, et au fond, le mur rose et jaune de la nouvelle cantine
Happy Birthday ...

On apprécie la chorégraphie ...
Si vous voulez soutenir la vie des garçons de Ramnagar (ou d'autres projets), vous pouvez vous rendre sur le site de Jimy Library

http://jimylibrary.org/?page_id=4 

où tout est expliqué en détail ....

Par exemple,
sachez qu' avec 5 euros seulement, vous pouvez offrir une fête d'anniversaire
à un des garçons du centre : gâteau, cotillons, musique, ...

Un moment de fête et de liberté que les garçons apprécient particulièrement ...
:)

désormais, la porte est ouverte ...
On soufffffffle les bougies ...

2 commentaires:

Catherine a dit…

Merci pour ce beau têmoignage de la générosité dans ce monde de brutes. Belle histoire,
CATHERINE

claudine a dit…

Super!! Je prendrai contact avec l'association de vos amis et pourquoi passer quelques jours là- bas pour danser avec eux.