dimanche 17 janvier 2016

Les enfants de RAMNAGAR ... quelques nouvelles

Pour ceux qui suivent les aventures de Rahul et jerry en Inde depuis un certain temps, nous avions consacré un article en avril 2014 au centre de RAMNAGAR à Bénarès.

 (pour relire cet article, cliquez ci-dessous)
http://yvesrahul.blogspot.in/2014/04/benares-ramnagar-centre-de-detention.html


Ramnagar est un centre de détention pour garçons à Bénarès.

Les autorités indiennes y enferment les enfants trouvés dont on ne parvient pas identifier la famille. Ils restent là jusqu'à leurs 18 ans, même s'ils n'ont rien fait d'autre que d'être dans la rue.
De nombreux centres de ce type existent en Inde, et les conditions de vie des enfants peuvent y être très difficiles.

Lorsque l'association "Jimy Library" est arrivée à Ramnagar en 2008, elle a trouvé des garçons vivant dans des conditions inhumaines, livrés à eux mêmes et subissant la violence des gardiens, dans un état d'hygiène et de détresse psychologique alarmants, sans éducation.

Les adhérents de Jimy Library, association française de taille modeste, mais efficace, se sont mobilisés pour ces enfants.

En 2014, grâce aux efforts de Jimy library et de D Foundation (l'ONG indienne associée), Ramnagar est devenu un véritable "internat", avec des locaux aménagés, des douches, une nouvelle cuisine avec sa salle à manger, des balançoires dans la cour, de l'eau filtrée, la lumière qui rentre dans le local ... cela ne ressemble plus à une prison.

Surtout les grilles ont commencé à s'ouvrir, des éducateurs ont pu s'occuper des enfants, et petit à petit les faire sortir de temps en temps du centre.

Les garçons ont appris à se servir d'ordinateurs, à réparer électro ménager, mobylettes, ...  pour préparer leur sortie à l'âge de 18 ans.

Aujourd'hui en 2016, les choses ont encore évolué. Ramnagar est devenu un centre "exemplaire", et le gouvernement indien aime à le faire visiter. Un psychologue a été nommé directeur.

Tout va (presque) bien à Ramnagar.

Mais pour les orphelins du centre, les permanents, ceux qui ne sortiront pas avant 18 ans, la vie est souvent perturbée par d'autres enfants ramassés dans les rues et placés là en attendant, parfois violents, un peu sauvages.


Alors Jimy Library s'est fixé un nouveau but pour les garçons orphelins de Ramnagar :
une maison rien que pour eux à Bénarès, 
jusqu'à qu'ils soient mariés, autonomes.

C'est un pari difficile et coûteux pour quelques années.

Difficile car l'administration indienne exige beaucoup de garanties, difficile car l'ONG indienne qui louera la maison pose toujours plus de conditions, ....

Coûteux car c'est un engagement sur plusieurs années pour faire vivre cette maison, pour que les orphelins de Ramnagar aient un "chez eux".

Jimy Library se lance dans cette nouvelle aventure.



Si vous voulez soutenir cette action, vous pouvez vous rendre sur la page de Jimy Library. Vous y trouverez toutes les explications, l'histoire du projet, et comment y adhérer. 



On peut faire beaucoup de bien avec peu de choses.



Par exemple avec 5 euros, on organise une fête d'anniversaire avec gâteau et musique, un temps de joie et de partage, une récréation pour ces enfants.






Les enfants de Ramnaggar vous souhaitent une très bonne année 2016 !!!


mercredi 6 janvier 2016

KOCHIN CARNAVAL


BONNE ANNEE A TOUS !!!

Kochi fête très dignement la nouvelle année.

Le soir du 31 c'est la MEGA PARTY sur la plage avec des milliers de gens qui dansent et qui hurlent quand on met le feu à PAPANJI
Comme il faisait nuit, impossible de filmer, donc on a emprunté un film amateur dont le début donne bien le ton, l'ambiance, et une idée de la multitude dansante ...



Et le lendemain, le 1er janvier c'est la PARADE du CARNAVAL
C'est à dire une espèce de cavalcade (mais avec un seul cheval), un corso fleuri sans les fleurs, une suite de tableaux inspirés de l'histoire de l'Inde ou de certains événements de l'année 
Avec autant de monde que la veille au soir mais répartis sur les 5 kilomètres de l'avenue empruntée par le cortège.
Evidemment, Rahul et Jerry, à peine remis de la folle soirée de la veille, avec leur longue expérience de l'Inde, ont repéré un endroit facile d'accès le long de l'avenue, avec un trottoir un peu surélevé pour pouvoir voir passer le défilé, hé hé hé ...

La parade étant censée débuter à 15h30, nos deux globe trotters avisés sont sur site à 16h, grâce à leurs bicyclettes indiennes BSA modèle 1945, en se disant qu'ainsi, ils auront 30 minutes d'avance sur le départ du cortège qui aura forcément une heure de retard .... 



vous suivez ? ...



 ... pour trouver une place. 


C'est le cas, la rue est quasi déserte, Rahul et Jerry, installés sur leur trottoir au premier rang, ont une vue dégagée sur le passage du défilé.


Mais lorsque vers 17h30 le cortège approche enfin, nos deux aventuriers du quotidien indien ont mal aux jambes, sont noyés dans une foule nombreuse et aimable, qui s'est tranquillement amassée devant  le trottoir de RetJ, sur plusieurs rangs, prenant possession de l'avenue, laissant généreusement aux chars qui vont arriver un passage correspondant à deux hommes côte à côte..

Résultat inévitable, arrivée de la police et des organisateurs qui repoussent gentiment la foule vers les trottoirs pour libérer l'espace au milieu de la rue. Nos deux compères se retrouvent alors serrés dans une foule compacte,  et toujours aussi aimable, avec une vue qui se réduit considérablement ...


Et la parade arrive  !!!


C'est étrange, car il n'y a pas de pétards, pas de musique, et tout cela a un air assez sérieux pour un carnaval ....


D'abord les gens à pied ...




il n'y a que des hommes qui défilent costumés, déguisés, travestis ...






LE cheval de la Kochi Parade avec son cavalier au goût sûr en matière de bijoux
Puis arrivent les chars, qui sont en fait des camions dont la remorque-plateau est utilisée comme une scène de théâtre, pour des tableaux vivants et allégoriques


Le tableau allégorique baigne donc dans des vapeurs de gas-oil, de friture de samoussa, un peu d'égouts qui sont tout près des pieds de RetJ, d'encens, et de talc au santal (les kéralais, et RetJ aussi, utilisent du talc comme déodorant ...)  :)



Le premier char évoque le drame des migrants qui traversent la Méditerranée 


Le deuxième char, on ne sait pas très bien
surement un héros Hindou, Arjuna, ou Rama, à moins que ce ne soit le mariage de Radha et Krishna, mais comme tous les rôles sont tenus par des hommes, ça devient très confus tout ça ...
si vous avez une idée, nous sommes preneurs !



Vient ensuite le char du "comment c'était le Kerala avant, du temps des riches propriétaires terriens et de comment le peuple trimait et souffrait"


A titre de rappel, le Kerala vote depuis 1945 plus ou moins à 50% pour le Parti Communiste Indien
ceci explique cela
(ceci explique aussi le taux record d'alphabétisation et la fibre "sociale" des keralais)




L'affreux riche et gras propriétaire terrien ...
le peuple qui souffre
coiffe traditionnelle de paysan réalisée avec une seule feuille de bananier pliée

Char suivant encore plus mystérieux ?.?
Le martyr d'un saint quelconque ? Les bourgeois de Calais revus à la sauce curry ? 
Un match entre l'équipe "bas sur la tête" et l'équipe "boîte rouge sur la tête" ?


Le suivant est très facile à deviner, même si on n'a pas compris tout à fait le rapport


alors, vous avez trouvé ?


La colonisation anglaise
Ensuite vient la nuit ...... et les derniers chars














Et le char de la culture Keralaise

Avec la nuit difficile de faire des photos, mais sur le char il y a des danseuses (des vraies pas des gars déguisés), des danseurs avec tambourins, des acteurs de Kathakali (théâtre traditionnel), et des combattants de Kalarippayat l'art martial keralais très spectaculaire, ancêtre du kung-fu.





Dans cet art martial, les combattants très souples arrivent à bondir très haut pour frapper leur adversaire.


Donc sur le char, ils ont accroché en l'air un combattant pour faire comme si ...



RetJ ont bien regardé et se demandent encore comment il tient là haut



Il restait encore plusieurs chars, mais comme la nuit est tombée, que la parade était décidement interminable, la foule a décidé que ça suffisait, et qu'il était temps d'aller s'offrir quelques snacks ou un dîner. 
Et elle s'est mise résolument à envahir toute la rue pour retourner qui a son vélo, qui à son scooter, qui à ses pieds simplement.
Les derniers chars se sont retrouvés bloqués jusqu'à ce que la foule ait disparu ...

BREF

Dans un océan de saris, Rahul et Jerry ont réussi à récupérer  
leurs vélos BSA (Birmingham Small Arms Company),
et à s'extirper non sans mal de cette zone à hyper densité humaine.

Le plus beau et le plus émouvant participant du défilé, ça reste la vieille éléphante qui ouvrait la marche
non ?

samedi 2 janvier 2016

Petit Poupani Noël ...


Un peu d'Histoire ...

En 52 après Jésus Christ, Saint Thomas, l'apôtre, celui qui est incrédule et qui met le doigt dans la plaie, arrive en Inde du Sud, sur les côtes de ce qui s'appellera plus tard, le Kerala.
Il y fonde des églises, baptise à tour de bras.

Lorsque le 21 mai 1498, Vasco de Gama le célèbre explorateur portugais débarque sur les côtes du Kerala pour évangéliser ces sauvages au nom du roi du Portugal, il est fort déconcerté de trouver déjà partout ... des églises.
Ca ne l'empêchera pas d'y construire celles de la sainte église romaine pour rivaliser avec l' ancienne église syriaque, celle fondée par St Thomas.

Vasco de Gama mourra la veille de Noël de l'an 1524 à Kochi, la ville où Rahul et Jerry passent les fêtes de fin d'année.

D'abord on décore, à grands renforts d'étoiles
et de guirlandes lumineuses.
Ceci pour expliquer que 25% de la population du Kerala est chrétienne, et que 99,99% de la population du quartier où habitent Rahul and Jerry est catholique.

Donc, évidemment, on y fête Noël, et on ne fait pas semblant ...

On décore la maison ....
mais aussi la rue







le jour




comme la nuit
mais aussi les arbres

les balcons,


















et puis on fait la crèche,
avec toute la Sainte famille,
car en Inde, la famile c'est important














































Alors on fait la crèche devant la maison, pour que tout le monde puisse la voir, avec des santons de 20 cm de haut, et des étables qui pourraient servir de niche au teckel des voisins de Rahul et Jerry.

Tout le monde doit savoir que pour la famille concernée, la famille c'est important.




















Et enfin, tous les membres de la communauté viennent participer à la grande procession de Saint Jacob.
Mais qui est Saint Jacob ?

A nouveau un peu d'Histoire :
Saint Jacob, ou plutôt le Saint Jacques de la liturgie mozarabe amenée par les portugais qui s'installent à Kochi, est la représentation guerrière de Saint Jacques en "matamore" (tueur de maures). Il est représenté en armure, avec son épée et son drapeau, son cheval blanc.

La statue de Saint Jacob est sortie de l'église, exposée sur un char massif à roues pleines en bois, tiré à force d'hommes tout au long de l'avenue, suivie par la procession interminable de fidèles le soir du 29 décembre.

Elle est accompagnée de musiciens, de guerriers danseurs, et de tonnes de feux d'artifice, pétards, feux de bengale, etc ...

A peu près 2 heures de vacarme assourdissant en continu ...
ci-dessous un petit film pour bien ressentir "l'ambiance"

cherchez Rahul ...



























Enfin, pas de Noël sans le Père Noël.

Ici, il s'appelle PuppanJi (prononcer Poupani).



Les enfants fabriquent des "mounaques", des pantins à taille humaine et les installent au bord de la route.





Puis ils arrêtent les passants, les véhicules, pour avoir quelques roupies pour Poupani...




A ce que Rahul & Jerry en ont compris, Poupani n'est pas toujours sympa, et les enfants lui donnent des coups de pied ... d'ailleurs, au soir du 31 décembre, il finit en grand feu de joie   !!!




 Poupani version DJ
et la nuit


L'arbre de Noël géant de Kochi le jour