... et malgré
la chaleur, la moiteur, la lenteur, la lourdeur, la sueur,
malgré certaines senteurs,
malgré la cuisine au beurre,
malgré certains heurts,
certaines peurs,
certains visas obstructeurs,
certains arnaqueurs,
certains fournisseurs,
certains provocateurs,
certains sacs plastiques envahisseurs,
nous retrouverons à la bonne heure
avec un grand BONHEUR
Ce pays et ses habitants chauds au COEUR,
les bonnes senteurs,
le brouhaha tapageur,
nos chers masseurs,
nos admirateurs,
nos corbeaux croasseurs,
nos singes voleurs,
nos chauffeurs de bus crâneurs,
nos amis moqueurs et joueurs
de ces aventures les acteurs,
ce que ce pays offre de MEILLEUR !
et Rahul et Jerry
nos deux globe-trotters,
reviendront en Inde sans erreur
au milieu des chaleureuses clameurs !!!
Pour
répondre aux questions angoissées de nos lecteurs “mais que faites vous de vos
journées ?...”, nous serions tentés de dire “pas grand chose, vu que nous
sommes maintenant en vacances !!!” … pas grand chose, ce qui ici en Inde,
laisse peu de temps libre …
En
illustration vous trouverez en bas de page une video sur le quotidien de vos péri-fouriens
préferés
(maintenant
vous devriez savoir ce que c’est qu’un péri-fourien ...)
A propos,
faire tous ces films, ca nous demande aussi beaucoup de temps, … mais que ne
ferions nous pas pour nos lecteurs adorés …
Jerry en pleine séance de massage par bols chantants tibetains ... si si c'est vrai !
Après notre
déménagement dont une bonne part s’est faite à scooter, après avoir replanté
dans notre nouveau jardin toutes les plantes de la terrasse du spice bazaar,
nous avons consacré notre temps à Neela.
Non
seulement nous lui avons trouvé une locataire qui paye le même loyer que nous
pour l’appartement que nous avons quitté, ce qui assure le paiement des études
de Carola, la fille ainée de Neela, qui veut devenir médecin … Mais nous lui avons aussi negocié un salaire
de cuisinière qui devrait lui permettre de payer une part des études de sa
deuxieme fille, Krissa, qui veut devenir … medecin aussi … tout ca coûte très
cher !
Neela va
faire la cuisine pour les 7 ados tamouls en difficulté qui seront aussi logés
dans notre ancient appartement …
Promis,
nous ferons un portrait de Neela et de sa famille à notre retour
Notre deuxieme
mission, a été de coacher Antony Lourdu (il est catholique, ça ne s’invente pas
…), un jeune tamoul, cuisinier, père d’un petit garcon d’un an et demi du nom
de Jeffi.
Antony a
quitté son emploi de cuisinier au “Purple”, hôtel restaurant 100% indien, où Rahul and Jerry ont leurs habitudes (on y boit de la bière en cachette …), pour ouvrir son
propre restaurant : le “Jeffi Masala Corner Restaurant”
Nous
l’avons orienté dans la conception de sa carte, nous avons freiné ses ardeurs
de cuisinier, nous l’avons encouragé à cibler son offre autour d’une specialité
: la dosa.
Qu’est ce
qu’une dosa ? specialité de l’Inde du sud qui a conquis tout le sous-continent
indien, il s’agit d’une sorte de grande, voire très grande crêpe,
croustillante, qui peut être farcie d’un curry de pommes de terre, ou arrosée
de beurre clarifié. On la mange avec les doigts en la trempant dans des
chutneys délicieux : noix de coco, piment et tomate, menthe et tamarin …
Les
touristes adorent la dosa, nous aussi !
Il n’y
avait personne a Auroville pour proposer des dosas. Maintenant c’est chose
faite !
Bonne
chance Antony !
Derniere
mission ; préparer notre absence des 4 à 5 mois à venir.
C’est à
dire trouver quelqu’un pour arroser le jardin et surveiller la maison
(la
confiance règne dans le quartier…)
le logement du gardien de nuit
Notre
nouvelle propriétaire, une dame ashramite de 75 ans, Mamaji, originaire bien
entendu du nord de l’Inde et plus exactement de la region de l’Orissa, nous a
trouvé une gentille dame tamoule du village qui viendra arroser le jardin pendant
que son fils passera ses nuits dans la guérite près du portail. Seule
condition, y installer un lit et un ventilateur …
Chose dorénavant
facile pour nos deux héros totalement rompus à la négociation avec les marchands
tamouls.
Le
ventilateur a été acheté vite fait bien fait.
Quant au
lit, à l’unanimité, Rahul and Jerry ont décidé de faire appel aux ébénistes recycleurs
du marché dominical de Pondy. Ces gars là utilisent des caisses d’emballages de
containers, pour fabriquer des meubles dans leur plus simple expression dans
l’esprit Bauhaus
Qu’est ce
que le Bauhaus …
Euh, on
verra plus tard …
Donc, Rahul and Jerry commandent 2 lits, en faisant écrire sur un papier les mesures exactes
voulues : 2 mètres par 1 mètre. Les standards tamouls veulent qu’un lit fasse 3
pieds par 6 pieds (soit 1.80 mètre par 90 centimetres). Conscients des différences
culturelles entre l’esprit métrique des francais et l’esprit de pied hérité des
britanniques, Rahul and Jerry refont bien preciser les mesures :
“okay,
okay, sir, no problem, two meters by one meter, okay okay, delivery nalekki
(demain)”
le lit "rêvé" par R&J ...
Le sur-sur-nalekki,
un livreur daigne enfin se déplacer avec les lits vers la maison bleue. Il est
accompagné du gars qui a pris la commande des lits … passons sur les détails et
les nombreux coups de fil passes en VO Tamoul par Neela pour expliquer où se
trouve la maison bleue et à quelle heure on pourra y receptionner les fameux
lits …
A 20
heures, le petit camion arrive enfin à destination dans une obscurité totale
(coupure de courant) …
Le livreur
et le marchand sortent surexités du camion et commencent à entreprendre Rahul and Jerry sur la qualité du bois …
“mango
tree, sir, very heavy, very good kwality”
impossible
pour nos deux heros d’en placer une, ni de vérifier dans l’obscurité de la rue
l’aspect des lits .. et les deux autres qui continuent a faire l’éloge du bois
de manguier … louche tout ca …
les list
sont debarqués dans le jardin et le marchand totalement volubile s’exclame :
“Two
meters by one meter, okay, give me my two thousand roupies …”
“one minute
please, I want to check with a tape”
Rahul and Jerry se
munissent donc d’un ruban mètre, et mesurent les lits ...
“3 feet by
6 feet … not 2 meters by one meter”
“yes yes”
“no, no”
“yes, its
same”
“no it’s
not same”
“yes, same
but different “ … (décidement … !!!)
dans sa grande
patience, Rahul se range à côté du marchand qui lui arrive sous le menton
“you see,
me more than 6 feet high, bed too short for me”
et de
s’allonger sur le lit … les pieds de Rahul dépassent du lit
“you cut,
you cut’tout en faisant mine de scier le lit
“il veut me
couper les pieds ce c….”
dans un
deuxième élan de mansuétude pédagogique, Rahul and Jerry se saisissent du matelas
destiné à ce lit, le posent dessus, et évidemment il depasse
“You see,
bed too small”
Alors le
type a la réaction qu’il fallait pour nous rappeler que nous sommes bien en
Inde
Il prend le
matelas, le rentre de force entre la tête et le pied du lit, et s’exclame en
ouvrant les bras
“You see,
no problem”
… le
matelas fait une énorme bosse au milieu du lit, mais no problem …
au final,
le monsieur prend ses deux lits “same but different” et rentre chez lui sans
ses sous … en rendant à Rahul and Jerry les 1000
roupies qui avaient été données a titre d’avance , 1000 roupies qu’ils avaient
tout prêts dans sa poche, preuve qu’il savait bien en venant livrer que le
produit ne correspondait pas, d’où la livraison nocturne et le babil incessant
sur la qualité du bois … no comment …
Ceci dit, à
temps perdu, nous plongeons dans notre importante bibliographie sur l’hypnose,
ou bien dans une des piscines qui émaillent le paysage aurovillien vu d’avion …
Pour mieux comprendre les aventures de Rahul & Jerry, il faut se pencher un peu sur des cartes ...
L'Inde
tout en bas a droite le Tamil Nadu (en jaune)
et perdu dans le Tamil Nadu, au bord de l'ocean : Pondichery
Un peu d'histoire et de geographie
Revisions ...
Quels etaient les comptoirs francais aux Z'Indes ? vous avez (presque !) tous oublie, c'est normal
Chandernagor, Mahe, Yanaon, Karikal et ... Pondichery
Pondichery est aujourd’hui célèbre en Inde pour sa “French touch”.
Au terme
d’une année à vivre en Tamoulie, R&J sont en mesure de vous offrir la carte
des aventures de Rahul & Jerry, avec les peuplades qui habitent cette région.
pas a l'echelle, mais pas loin ...
La ville de
Pondichery (en bas sur la carte): un demi million d’habitants
avec sa banlieue.
Au bord de
l'ocean, il y a la vieille ville, divisée entre la ville blanche et la ville
tamoule. L’ensemble est entouré par un boulevard très animé.
C’est dans
ce centre ville qu’évoluent nos aventuriers du quotidien.
L’Ashram
fondé par Sri Aurobindo se trouve dans la ville blanche. Des gens y viennent du
monde entier pour vivre une experience spirituelle selon les enseignements
d’Aurobindo. Toute une population y vit a l’année.
On peut
dire sans exagérer qu’un tiers de la ville blanche appartient à l’Ashram. Leurs
batiments gris sont reconnaissables partout : il y a l’ashram, le samadi (les
tombes des fondateurs), la cantine de l’ashram, l’école, le collège,
l’université, la fabrique d’encens, la fabrique de papiers, la pompe à essence
de l’Ashram, les jardins de l’ashram, ….
C’est une
ville dans la ville.
Dans la
ville blanche on trouve aussi les restes de la présence francaise : belles
maisons coloniales, églises, … et 4 institutions encore actives : le Consulat,
le Lycee Francais, l’Alliance Francaise, et l’Institut francais de Pondichery
trouvez Rahul sur la photo ... cache derriere une banane ?
En quittant
Pondichery vers Auroville, R&J traversent les villages de la péripherie
(voir la balade sur le scooter de R&J). En majorité peuplés de musulmans,
ils se logent entre la mer et la route principale. Tout y est mélangé : pêcheurs,
artisans, commercants, mosquées, marchés, écoles, terrains de cricket … ou de
pétanque, boucheries hallal … marchand de volailles, poissonnières, marchand de
fruits et légumes favori de R&J, et autre fabricant de sacs en toile de
jute “same but different” …
On longe l'ocean vers le nord et on arrive au carrefour d’Auroville Road. On rentre vers les terres, on passe devant chez Neela/Spice Bazaar, et là
commence la cité utopique d’Auroville.
Coincée
entre les villages tamouls en pleine urbanisation, Auroville se protège
derrière sa ceinture verte (une très agréable foret) .
Auroville a
été imaginée par “Mère” compagne spirituelle de Sri Aurobindo. Depuis 1968, “la cite de l’aurore” s’est
peuplée de près de 2000 personnes “les aurovilliens” autour de l’idéal de créer
un homme nouveau.
Entre
Pondichery et Auroville, c’est le domaine de tous ceux qui ne sont ni
auroviliens ni pondichériens, ni ashramites, ni tamouls, ni touristes, mais qui
bénéficient des avantages de l’ensemble. Entrepreneurs, oisifs, égarés,
idéalistes, désabusés, amoureux de l’Inde ou aigris, on trouve de tout dans la
péripherie, plus ou moins mélangé à la population tamoule.
C’est le
domaine des péri-fouriens. Tendre appellation donnée par les aurovilliens à ces
gens parce qu’ils ne “travaillent pas” (c’est vraiment l’hôpital qui se fout de
la charité), et qu’ils vivent en péripherie, et profitent des avantages
d’Auroville sans payer de contribution à la cité.
Ayant
provisoirement cessé tout activité de business, R&J se retrouvent donc
d’office integrés dans cette tribu, et cela leur convient plutôt…
La phrase
des péri-fouriens “où est-ce qu’on mange ce soir ?”
Leur plat
préféré : la sardinade
Les Aurovilliens
…. Elite spirituelle auto-proclamée, elle est constituée d’autant de blancs que
d’indiens (en majorité indiens du nord et non tamouls locaux). La nationalité
étrangère la plus reprensentée est la Française. On trouve aussi de tout chez
les auroviliens. Depuis celui qui vit tout seul dans sa hutte avec énergie
eolienne, à celui qui vit dans une maison d’architecte avec bonne, jardinier et
parfois chauffeur. Il y a des mystiques, des mystificateurs, et de vrais chefs
d’entreprise. Une belle forêt, de beaux bâtiments, une plage privée, un centre
de soins holistiques, des therapeutes en tout genre, et au milieu une grosse
boule dorée pour la méditation : le matrimandir (temple de mère).
Les
relations avec leurs voisins tamouls devienent difficiles, certains auroviliens
n’aiment de toutes façons pas l’Inde et regrettent qu’Auroville ne soit pas au
bord du lac Léman.
Quant à
l’ideal spiritual et humain, …
Leur phrase
favorite : “Mère n’aimerait pas que …”
Leur plat
préféré : la salade de légumes bio au sel rose de l’Himalaya
Les tamouls
des villages
Ils
entourent Auroville, et étaient là avant, qu’on se le dise !!! 4000 d’entre eux
travaillent à Auroville, dans les entreprises ou comme bonne ou jardinier, ou
veilleur de nuit … Ils ont créé des commerces et des guest houses avec plus ou
moins de bonheur.
Longtemps
considérés comme des voisins bruyants et sales par les aurovilliens, et comme une
main d’oeuvre pratique pour éviter les travaux difficiles et mieux se consacrer
au yoga supramental … les tamouls prennent aujourd’hui leur revanche. Le prix
du m2 flambe, et certains tamouls vendent leurs terrains à des touristes indiens qui
affluent, entourant l’utopique auroville de résidences avec piscine (problèmes
d’eau), routes gourdronnées, lieux de
consommation d’alcool voire de sexe ; laissant s’épanouir une certaine
arrogance régionaliste, et une tendance mafieuse …
Leur phrase
favorite : “Vous ne comprenez pas la culture tamil…”
Leur plat
préféré : du riz avec du riz
Les
ashramites
Liés au
projet de création d’Auroville par Mère qui était aussi le guide de l’ashram au
décès de Sri Aurobindo, ils s’en sont éloignés suite à un rude affrontement
avec les aurovilliens au moment où mère a “quitté son corps”. Retranchés derrière
leurs murs, les ashramites se consacrent au yoga supramental et au développement
de l’ashram. Ils ont l’air d’etre restés bloqués dans les années cinquante avec
leurs uniformes et leur règlement intérieur draconien. Riches de l’énorme
patrimoine immobilier de l’ashram, ils dispensent en francais un enseignement
de haute qualité (10 gosses par classe …).
Les
ashramites étant pour leur grande majorité issus d’Inde du Nord, on les
distingue par la couleur claire de leur peau de la population tamoule de Pondichery.
Les tamouls vivent mal la présence de l’ashram, et ne manquent aucune occasion
de le lui faire savoir au moindre mécontentement social : l’essence augmente,
c’est la faute au gouvernement de Dehli, qui est aux mains des indiens du nord,
comme l'ashram, allez, hop, on caillasse l’ashram, … etc …
Leur phrase
favorite : “Mère a dit que …”
Leur plat
préféré : la soupe de légumes claire
Les expats
La France
maintient des services administratifs (consulat), culturels (alliance
francaise), et d’éducation (lycée francais), donc pas mal de fonctionnaires au
pouvoir d’achat décuplé par rapport à ce qu’il serait en métropole (3 fois le
salaire, si on intègre le change euro/roupie, ils vivent comme des maharadjas
…). A ces fonctionnaires s’ajoutent des retraités, des business men, certains
installés depuis longtemps à “Pondy” comme on dit …. Tout cela a contribué à
recréer une ambiance provinciale genre petite bourgeoisie de sous préfecture
qui ne manque aucune “party” ou exposition à l’alliance francaise, et qui fait
déposer les enfants à la piscine par le chauffeur. Sorte de reflet contemporain
d’une colonisation passée, on imagine à quel point les tamouls apprécient (d’où
les petites vengeances genre Mr Kumar et les visas qui sautent …)
Leur phrase
favorite : “Y’a qu’à …”
Leur plat
préféré : le steak de boeuf et le pâté en croûte
Les
Franco-pondicheriens
Tendrement
appelés par les expats et les tamouls “noix de coco” (blanc dedans et noir
dehors) …, ils sont soit des tamouls anciens fonctionnaires retraités de l’état
francais, soit les enfants de ces mêmes personnes. Dans ce cas, ils sont
souvent nés en France et y ont grandi. Ils bénéficient d’un visa permanent pour
revenir en Inde prendre des vacances sur la terre de leurs ancêtres. Un peu le
cul entre 2 chaises, certains reviennent quand même s’installer à Pondy pour
fuir la morosité et les frimas de France.
Leur phrase
favorite : “Pondichery, c’est plus c’que
c’était…”
Leur plat
préféré : la spicy pizza
A cela
s’ajoutent les touristes indiens, les touristes francais, les autres touristes,
le reste de la population tamoule hindoue musulmane ou chretienne, les marchands
du Cachemire, les immigrés népalais, les réfugiés tibetains, les étudiants
africains de l’université, les membres des ONG, les gitans qui vendent des
petits sacs colorés (rien que pour Isa), les chasseurs des tribus d’avant les
indiens qui vendent du miel, les therapeutes, Lakshmi l’éléphante du temple, Mr
Kumar et ses sbires, …
Vous savez
maintenant tout du petit peuple de Pondichery et d’Auroville …
… c’est en
Inde, mais ça n’est pas tout à fait l’Inde !!!